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un autre intérêt que le reste de la nation. De pareilles unions ont toujours porté bonheur aux peuples qui les acceptent. Quand, sous le règne de la reine Anne, on voulut réunir l’Ecosse à l’Angleterre, les Écossais se plaignirent qu’on détruisît leur indépendance. La baleine, disait-on, allait avaler Jonas. C’est tout le contraire qui a eu lieu : les Écossais sont partout, vous les trouvez dans toutes les places, ce sont les hommes les plus actifs de la Grande-Bretagne ; c’est Jonas qui a avalé la baleine, c’est-à-dire l’Angleterre. » D’où vient ce succès des Écossais, qui sont un peu les gascons de la Bretagne ? Un Écossais voulut, un jour, l’expliquer à une dame anglaise : « Madame, lui dit-il, c’est que nous avons pris dans notre pays une précaution intelligente ; nous avons établi une douane aux frontières, nous ne laissons passer que les gens d’esprit. » — « Oh ! lui dit la dame, il y a bien un peu de contrebande. »

Cette discussion, qui eut lieu dès le mois d’août 1776, révéla au congrès des divisions intérieures ; aussi, pour ne pas se heurter à des difficultés peut-être insurmontables, on prit le parti d’ajourner les articles de confédération. On laissa dormir la question. Des décisions sérieuses ne furent prises qu’en 1777, les articles de confédération ne furent achevés qu’au mois de novembre 1778. Onze États les acceptèrent sans discussion. Il y en eut deux, le Delaware et le Maryland, qui les rejetèrent ; si bien qu’il fallut attendre jusqu’en 1781 pour l’adoption définitive de cette charte de l’Amérique. Cette charte est du reste très-courte. On voit très-bien qu’il s’agit d’une confédération comme le monde en avait vu jus-