Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/66

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rique, et tous les enfants ressemblent à la mère. Voilà un nouvel et puissant argument en faveur de la bonté de cette constitution, puisque, librement adoptée sous toutes les latitudes, elle donne partout d’excellents fruits.

Quant à la crainte, après tout légitime, que de cette guerre civile ne sorte le règne des armées et un gouvernement despotique, j’avoue que je ne la partage pas, quoique, en pareil cas, il soit toujours prudent de craindre ; mais ce sont des armées de citoyens qui combattent aujourd’hui, de soldats qui, le lendemain du jour où la guerre sera finie, reprendront leurs occupations. Ces armées sont commandées par des officiers qui tous sont sortis de la vie civile et tous sont désireux d’y rentrer. L’Amérique, malgré la guerre, a conservé la liberté. Je sais que l’on dit le contraire ; mais si vous lisiez les journaux américains, si vous voyiez la façon dont le président des États-Unis, M. Abraham Lincoln, est traité, vous seriez vite édifié sur ce qu’est en Amérique cette prétendue compression de la liberté. Dans une réunion publique et nombreuse, le célèbre maire de New-York, M. Fernando Wood, accusait, il y a quelques jours, le président et tous ceux qui combattent l’esclavage d’avoir défiguré l’Amérique, disant que c’était aujourd’hui une tête de blanc sur un corps de nègre ; je ne vois pas qu’on ait en rien gêné sa colère ni ses menaces. L’Amérique est assez forte pour n’avoir pas peur de la liberté.

Quant au despotisme, les journaux américains se sont amusés de nos terreurs européennes ; il leur est difficile de prendre au sérieux Abraham Ier, empereur des Amé-