Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant lesquelles elle dura, alors que tout le monde sait que les éclipses naturelles passent bien plus vite[1]. »

Saint Augustin est exactement du même avis. Il ne veut pas confondre avec une éclipse véritable le prodige rapporté dans saint Luc : il est très net sur ce point dans une de ses lettres à Hesychius[2].

Revenant sur le même problème, en une allusion rapide, au livre III de la Cité de Dieu[3], il maintient que la solis obscuratio n’a pu procéder ex canonico siderum cursu, puisque c’était alors l’époque de la Pâque judaïque.

Augustin avait le respect de la science humaine. On se rappelle en quels termes il a su en louer les réussites, parmi lesquelles la prédiction des éclipses lui paraissait une des plus surprenantes[4]. Il n’eût pas volontiers admis une dérogation aux lois certaines dont il admirait l’infaillibilité.

Mais les conditions du miraculeux obscurcissement restaient mystérieuses. Un curieux essai d’explication se lit dans la VIIe lettre du Pseudo-Denys l’Aréopagite[5]. Denys, qui écrit au vie siècle, mais se donne pour un contemporain des Apôtres, prétend qu’il a assisté à l’éclipse, alors qu’il était à Héliopolis.

Nous avons vu la lune tombant de miraculeuse façon sur le soleil — car ce n’était pas l’époque de leur conjonction — puis, à partir de la IXe heure, jusqu’au soir elle s’établit en face, par miracle, dans la direction juste opposée à celle du soleil. Tels furent les prodiges qui

  1. Comm. in Matth., Hom. lxxxviii. Comparer la remarque de saint Jérème (p. 213).
  2. Ép. 199, 34.
  3. III, 15.
  4. Confessions, V, iii, 4.
  5. Patrol. gr., 3, 1081.