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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/71

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Nous arrivons ainsi à cette conclusion que rien, dans l’œuvre d’Apulée, ne certifie d’une façon indubitable qu’il se soit le moins du monde intéressé au christianisme. Tel est le fait, et ce fait n’est pas tellement surprenant, si l’on se persuade que les rhéteurs de sa sorte sont plus adroits à jongler avec les mots, à développer habilement des lieux communs et à tirer parti des données fournies par les sources qu’ils exploitent, qu’à étudier vraiment la réalité vivante. La curiosité dont il se flatte fut peut-être plus livresque qu’il ne voudrait le laisser supposer.

Il n’est d’ailleurs pas impossible que le hasard l’ait frustré de toute rencontre avec des groupements chrétiens ; ou que la contexture même de ses ouvrages ne lui ait point donné occasion de les décrire, s’il avait pris contact avec eux.

IV

À lire les écrivains chrétiens des premiers siècles, on pourrait croire que la foi nouvelle n’ait eu qu’à se louer des Antonins en général, et de Marc-Aurèle en particulier. Caractéristique à ce point de vue est un passage de l’apologiste Méliton, cité par Eusèbe dans son Histoire Ecclésiastique[1] :

C’est une très grande preuve de l’excellence de notre doctrine, déclarait Méliton à Marc-Aurèle, qu’elle se soit épanouie en même temps que l’heureuse institution de l’empire, et que depuis lors, à partir du règne d’Auguste, rien de regrettable ne soit arrivé, mais qu’au contraire tout ait été brillant et glorieux, selon les vœux de chacun. Seuls entre tous, excités par des hommes malveillants, Néron et

  1. IV, 27, 7 et s. (trad. Grapin, I, 475).