Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/196

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Dès lors il subit l’esclavage.
Un marin, chez nous étranger,
L’emmena de son doux rivage
Sur mer avec lui voyager.

C’est ainsi qu’il connut la France.
Quand il y vint, le jeune Été,
Vêtu d’azur et d’espérance,
Resplendissait dans sa beauté.

Partout, sur les monts, dans la plaine,
Brillait un ciel oriental :
L’exilé de l’île africaine
Se crut sous un climat natal.

Mais vint l’automne aux froides brumes,
La neige au loin blanchissant l’air ;
Il sentit courir sous ses plumes
Les âpres frissons de l’hiver.

Rêvant à l’île maternelle
Aux nuits tièdes comme les jours,
Il mit sa tête sous son aile,
Et s’endormit, et pour toujours !

C’était un enfant des rizières,
Des champs de canne et de maïs :
En proie aux bises meurtrières,
Il mourut plein de son pays.