Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/105

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Et les brises du soir se jouant sur les vagues,
Tout éveille en mon cœur des rêves doux et vagues
       Que j’aime à traduire en mes vers.

Je veux couler ainsi mes jours dans le silence.
Ne me reproche plus ma songeuse indolence :
Que pourrais-tu m’offrir pour ces rêves du cœur ?
Dans nos sentiers déserts que crains-tu pour ma vie ?
L’abeille seule y vient ; la guêpe de l’envie
Porte ailleurs sa morsure au fiel empoisonneur.

Sous les rocs tortueux, dans les gorges profondes,
Quand un fleuve en grondant fait bouillonner ses ondes
Et verse avec ses flots l’épouvante et l’horreur,
La foule sur ses bords, dans sa stupeur craintive,
L’entend sous les rochers rouler une eau captive
       Et le contemple avec terreur.

Mais le ruisseau glissant à l’ombre d’une rose,
Coule en baisant la fleur que sa belle onde arrose,
Et de son bruit léger ne charme sur ses bords
Que l’oiseau reposant sous un dais de verdure,
Ou la Muse pensive écoutant son murmure
Et, les yeux sur le ciel, méditant des accords.