Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/111

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Une expérience fatale,
L’abreuvant de déceptions,
Effeuille pétale à pétale
La fleur de ses illusions.

Combien d’amis de ma jeunesse
Ont déjà fui de mon chemin !
Leur main, que pressait ma tendresse,
Hélas ! ne presse plus ma main.

Comme de gais oiseaux qu’assemble
Un même nid dans les buissons,
Par les airs nous allions ensemble,
Unis d’amour et de chansons.

D’un même arbre branches jumelles,
Nous mêlions nos rameaux aimés ;
Mais la vie aux bises cruelles
De toutes parts nous a semés.

Les uns, troupe joyeuse et blonde,
Les plus rieurs de ma saison,
Sont partis pour un autre monde,
Avides d’un autre horizon.

Ceux-ci, vains oiseaux de passage,
Oubliant leurs jours de frimas,
Ont changé d’âme et de visage,
Hélas ! en changeant de climats.