Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/112

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Ceux-là, groupe stérile et louche,
Renégats au cœur sec et mort,
Unissent leur bouche à la bouche
Qui ment, qui calomnie et mord !

Et pourtant leur voix qui m’accuse
Devrait plutôt sur moi gémir !
Pourtant ce qu’a flétri la Muse,
Tout noble cœur doit le flétrir !

Nègres, mes frères ! peuple esclave !
J’ai vu votre joug détesté,
Et de mon sein, bouillante lave,
A jailli mon vers irrité !

Non ! votre mal n’est pas un thème
A moduler de vains concerts !
Ma lèvre a connu l’anathème,
Car ma main a pesé vos fers !

De ceux-la que votre souffrance
Avait émus en d’autres jours,
J’espérais… candide espérance !
A ma voix ils sont restés sourds !

Plongés dans un sommeil de pierre,
Lorsque vint l’heure des combats,
L’un a renié comme Pierre,
L’autre a trahi comme Judas.