Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/114

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De ta foi n’éteins pas les flammes ;
Aime et chante au milieu des pleurs :
Le chant est le parfum des âmes !
L’amour est le parfum des cœurs !

Il est vrai, nos tiges sont nées
Dans les gazons d’un sol pareil ;
Mais, ami ! sur nos destinées
Ne luit pas un même soleil.

Un même rocher vert de mousse
De son onde allaita nos jours ;
Mais ton eau chante, heureuse et douce,
La mienne gémit dans son cours.

Sur des mers où l’aube étincelle,
Ta muse aux fraîches visions
Monte une odorante nacelle
Où rament les illusions ;

La mienne au choc des vents contraires
Soutient la lutte du devoir,
Car ma nef d’un peuple de frères
Porte la fortune et l’espoir.

Toi, tu vois sur de blanches grèves
Des bords aimés poindre et fleurir ;
Moi, je vois, par delà mes rêves,
Nos libertés à conquérir !