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XXXIII

LES PAMPLEMOUSSES


 
Vous souvient-il ? un jour, assis aux Pamplemousses,
Dans la vallée ombreuse aux ineffables voix,
Je vous disais, au bruit des ondes sur les mousses,
Aux frais gazouillements des oiseaux dans les bois :

« Là-bas, le voyez-vous, ce rêveur lent et triste,
Qui sous les verts palmiers s’éloigne à pas distraits ?
C’est un jeune homme au sein d’apôtre, au front d’artiste ;
Avec la Muse il a des entretiens secrets.

« Son œil pensif, cherchant des bois la quiétude,
Darde parfois l’éclair d’une idéale ardeur ;
Mais tout en lui parfois a la pâle attitude
D’une fleur qu’un insecte aurait piquée au cœur.

« Qu’a-t-il ? Seul, à l’écart, s’il souffre, il veut se taire :
Comme un exilé fier parmi nous égaré,
Il passe à nos cotés songeur et solitaire ;
Rien qu’à les voir, on sent que ses yeux ont pleuré.