Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/136

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Dans nos jours où parfois se mêle
Un chant d’espoir aux chants troublés,
Je n’ai connu de Philomèle
Que les soupirs inconsolés.

Sombre aussi fut ma destinée,
Bien lourds aussi mes maux soufferts,
Ma vie aussi fut enchaînée,
Ma muse aussi connut les fers !

Mais Dieu, qui permit ma souffrance,
A mes lèvres n’a point donné
L’hymne vaillant de l’espérance,
L’hymne aux conquêtes destiné !

Pour lutter je n’eus d’autres armes
Que ma pauvre lyre et mes pleurs ;
Et c’est toujours dans l’eau des larmes
Qu’en secret éclosent mes fleurs.

Si la douleur fait l’harmonie,
Les cœurs me souriront un jour.
Mais, quoi ! tu parles de génie
A moi qui n’ai rêvé qu’amour.

Je suis cet oiseau de passage
Qui n’a de voix que pour gémir,
Et qui s’en va de plage en plage,
Fait pour chanter et pour mourir.