Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/137

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Enivré d’un ciel sans orage,
Oubliant la brume et les flots,
Il chante à l’arbre qui l’ombrage
Des chants qui n’auront point d’échos ;

Des chants que l’arbre qui l’accueille,
Des chants que l’onde aux frais roseaux
Verra tomber avant sa feuille,
Verra tarir avant ses eaux.

Qu’importe ! Il n’est d’écho qui dure,
Et la fleur passe avant l’été.
Ami, la gloire et la verdure
Sont sœurs par la fragilité.

Du bonheur pleurant le veuvage,
Semblable au pèlerin ailé,
J’erre au hasard, loin du rivage
Où mes jours d’enfance ont coulé.

Pour moi la saison rigoureuse,
Hélas ! a devancé le temps,
Et ma tristesse harmonieuse
N’eut point à chanter de printemps.

La douleur connaît mon visage ;
Jeune encor j’appris à souffrir.
Oh ! je suis l’oiseau de passage,
Fait pour chanter et pour mourir.