Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/142

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Laissant de vaporeux sillages
Dans leur course au-dessus des eaux,
Au bord du ciel de blancs nuages
Errent comme de blancs agneaux.

Le cœur plein de volupté triste,
Les yeux perdus à l’horizon,
Je songe au doux saint Jean-Baptiste,
L’enfant à la blanche toison.

Tout est repos, tout est mollesse :
Une lumineuse fraîcheur
M’enivre, me berce et me laisse
Des rêves d’ange et de blancheur.

Je sens couler en tout mon être
Un ineffable apaisement :
Du monde où nous devons renaître
N’est-ce point un pressentiment ?

Je voudrais prier pour répandre
Mon trop-plein de vague bonheur,
Mais ma voix se refuse à rendre
La paix aimante de mon cœur.

Lune, nacelle de lumière,
Toi qui passes sur mon front nu,
Porte ma muette prière
Jusqu’au trône de l’Inconnu.