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XXXIX

ÉLÉGIE
EN UNE MER TOURMENTÉE


 

Des ombres de la vie, hélas ! mon front se voile ;
Le jour s’est éclipsé, l’horizon est obscur ;
Mais dans mon ciel éteint, ô ma fidèle étoile,
Je vois briller toujours ton rayon fixe et pur.
À mes délaissements quand chacun m’abandonne,
Clémente à mes malheurs, ton cœur me les pardonne ;
Sans m’accuser jamais, tu gémis avec moi.
De mes déceptions — ce commun héritage —
Tu berces la douleur que ta pitié partage :
L’idéale bonté, je l’ai trouvée en toi.

Si d’un sourire encor la sereine nature
Peut réjouir mon œil morne et désenchanté,
C’est qu’elle a de ton âme, ô noble créature,
La candeur virginale et l’auguste beauté.