Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/169

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Au foyer qui me voit, à mon culte attaché,
Méditer et pâlir sur mes livres penché.
Qui me rendra jamais les pays sans froidure,
Et de mes beaux printemps la joie et la verdure ?
Hélas ! au vent du sort mes jours se sont fanés.
Où sont tous les bonheurs que Dieu m’avait donnés ?
Mon enfance et mes bonds joyeux par la campagne,
Et mon frère, et ma sœur, et l’austère montagne
Qui nous prêtait son ombre, et dont le front géant
Regarde à ses pieds battre et passer l’Océan ?…



Tout s’est évanoui ! ma vie est orpheline !
Sous le cyprès qui pleure au bas de la colline,
S’endormant pour toujours d’un sommeil sans remord,
L’enfant qui fut ma sœur repose dans la mort.
Et moi, je vogue et lutte en proie aux flots sauvages ;
Ma barque frêle encore a quitté nos rivages,
Sous les vents ennemis j’entends gémir ses mâts,
Et tristement je songe aux bords de la Dumas,
A mon enfance heureuse, à nos vertes allées
Pleines de papillons, ces belles fleurs ailées !
Au vieux toit bien caché sous nos arbres chéris,
Où venaient tous les ans nicher les bengalis ;
Où, veuve de nos jeux, seule dans sa chaumière,
Pleure en pensant à nous ma vieille et pauvre mère