Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/170

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O bonheurs de l’enfance ! ô mes paisibles jours !
M’auriez-vous donc aussi délaissé pour toujours ?
Je n’ai plus aujourd’hui l’âme rieuse et gaie,
Je courbe sous le sort ma tête fatiguée.
Je me dis, en pensant aux amis que j’aimais,
Que tout brille et s’éteint et nous quitte à jamais.
Et d’aimer, cependant, le besoin nous tourmente.
J’ai cherché dans la Muse une humble et vraie amante ;
Mais que de fiel caché dans la coupe des fleurs !
La lyre a ses dégoûts et l’art a ses douleurs.
La malveillance louche à l’oblique manœuvre
Frappe à coups détournés ma pensée et mon œuvre.
Âmes pleines de haine ! esprits bas et jaloux !
Menez-nous, ô mon Dieu ! par des sentiers plus doux,
Ou donnez-nous, pareille à l’étoile des mages,
La foi pour nous conduire et guider nos hommages !
Car les temps sont mauvais, et par un ciel si noir
On ne sait plus s’il faut ou marcher ou s’asseoir ;
L’avenir inquiète et le présent ennuie ;
Pour un jour de soleil, oh, que de jours de pluie !…