Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/175

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De nos beaux jours c’était le matin et le rêve :
Tout était joie et chants, fleurs et félicités !
O bonheurs des enfants que le temps nous enlève,
         Pourquoi nous avez-vous quittés ?

Nous étions trois alors. Éveillés dès l’aurore,
Sortant du nid à l’heure où l’aube sort du ciel,
Nous allions dans les fleurs qu’elle avait fait éclore
         Boire la rosée et le miel.

Elle et toi, de concert à ma voix indociles,
Vous braviez du soleil les torrides chaleurs.
Quand ma mère accourait, l’arbre aux ombres mobiles
         Voilait nos plaisirs querelleurs.

Elle avait tout vu. Quittant le frais ombrage,
Nous lisions notre faute à son front rembruni.
Moi - j’étais votre aîné - bien qu’étant le plus sage,
         Je n’étais pas le moins puni.

Nous la suivions. Bientôt, trompant sa vigilance,
Nous revolions aux champs, au grand air, au soleil,
Et des bois assoupis, tiède abri du silence,
         Nous allions troubler le sommeil.

Alors, malheur à l’arbre à la grappe embaumée,
Au fruit d’or rayonnant à travers les rameaux !
Nous brisions branche et fruits, la grappe et la ramée,
         Et jusqu’aux nids des tourtereaux.