Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/176

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Et puis nous descendions la pente des ravines,
Où l’onde et les oiseaux confondaient leurs chansons,
Nous heurtant aux cailloux, nous blessant aux épines
         Des framboisiers et des buissons.

Un lac était au bas, large, aux eaux peu profondes.
Sur ses bords qu’ombrageait le dais mouvant des bois,
Avec les beaux oiseaux furtifs amis des ondes,
         Enfants, nous jouions tous les trois.

Pour suivre sur les flots leur caprice sauvage,
Des troncs du bananier nous faisions un radeau,
Et sur ce frêle esquif, glissant près du rivage,
         Nous poursuivions les poules d’eau.

Ma sœur, trempant ses pieds dans l’onde claire et belle,
Comme la fée-enfant de ces bords enchanteurs,
Jetait aux bleus oiseaux qui nageaient devant elle
         Des fruits, des baisers et des fleurs.

Et puis nous revenions. Notre mère, inquiète,
Pour nous punir s’armant de sévères froideurs,
Nous attendait au seuil de l’humble maisonnette,
         Heureuse, avec des mots grondeurs.

O chagrin des enfants, qu’aisément tu désarmes
Les mères ! Nous donnant et des fruits et du lait,
Elle mêlait aux mots qui nous coûtaient des larmes
         Le baiser qui nous consolait.