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Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/18

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au pied du Piton des Neiges, non loin de la source des eaux thermales, et ils me disaient : « C’est là que, sous un ciel pluvieux de juillet, a herborisé tout un jour le botaniste voyageur. » Et ce plateau, mon ami, ils me le désignaient sous votre nom : c’est ainsi qu’on l’appelle désormais dans nos montagnes.

Quelques années plus tard, venu en France, j’ai pu approcher dans l’intimité le savant dont j’avais entendu parler au pied des Salazes.

Dans de longues soirées d’hiver, il vous en souvient, assis tous deux, seuls, devant votre feu, que de fois il nous est arrivé de causer, vous, de vos travaux et de vos voyages, de ces calmes régions aimées du soleil que vous avez parcourues ; moi, de ma vallée d’enfance, des terres fertiles du Champborne, la patrie des oranges et de la jam-rose ; de la Dumas aux eaux claires, aux gorges profondes si pittoresques ! Et, de site en site, de réminiscence en réminiscence, nous refaisions notre ancien pèlerinage à Salazie, cette merveille de la végétation ! Tandis que nous devisions de la sorte, un monde évanoui de lumière, de parfums, de fraîcheur, se réveillait en nous ; les heures coulaient oubliées,