Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/19

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et, tout au passé, nous n’entendions plus les bises d’hiver qui pleuraient à vos fenêtres.

Souvent alors, après vous avoir quitté, continuant avec moi seul la causerie interrompue, me rappelant ma visite aux habitants de la Haute-Source, je leur enviais cette idée qu’ils ont eue de donner votre nom à l’une de nos montagnes. Je me sentais devancé ; mais, à leur exemple, je voulais me flatter que, moi aussi, un jour, à défaut d’une page de granit, j’aurais peut-être une feuille de papier où écrire votre nom et le souvenir d’une amitié qui m’est chère. « Cette joie, me disais-je, cette douce gloire, il faut l’espérer, les années ne me la refuseront pas ! »

Et les années se sont écoulées, infécondes et éprouvées, vous le savez de reste, vous dont l’inquiète sollicitude m’a si souvent relevé dans mes défaillances. Soyez-en mille fois remercié ! Accueilli à votre foyer comme un enfant de cette île Bourbon que vous aimez toujours, je suis devenu, avec le temps, l’hôte familier de votre maison et de votre amitié. Cet accueil, je le sais apprécier, car il honore en moi l’homme autant qu’il a été profitable à mon esprit. Sous l’influence de votre sympathique et forte raison,