Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Voici que le morne aux pics sombres,
Debout là-bas comme une tour,
Étend ses gigantesques ombres
Sur les savanes d’alentour.

Voici que le Blanc des montagnes,
Le Blanc, effroi du Noir marron,
Revient au loin par les campagnes
Vers les palmiers de sa maison.

Voici qu’aux feux crépusculaires,
Des flots quittant les profondeurs,
Vers les caps où pendent leurs aires
Revolent les oiseaux pêcheurs.

Dans son lit de pourpre et de lame
L’astre se couche, large et pur ;
Avec lenteur son œil de flamme
Ferme ses paupières d’azur.

Tel qu’un grand vol d’esprits funèbres,
Sur la terre où s’éteint tout bruit,
D’un bond s’abattent les ténèbres…
C’était le jour, et c’est la nuit.