Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/203

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Jeune oiseau que le ciel convie,
Toi dont l’aile est si tendre encor,
A quelle haleine de la vie
Dois-tu confier ton essor ?

Vierge de grâces couronnée,
Tête, mes plus saintes amours,
A quel vent de la destinée,
Dis-moi, vas-tu livrer tes jours ?

Dans ton sort que je voudrais lire !
Du travail subissant les lois,
Est-ce l’aiguille, est-ce la lyre,
Qui doit frémir entre tes doigts ?

Oh ! que ce soit plutôt l’aiguille !
Borne ton vol et ton désir.
La Muse a pour vivre, ô ma fille !
Besoin d’air libre et de loisir.

Son noble sein qui nous épanche
Le lait de l’âme et des accords,
Coupe où du beau la soif s’étanche,
N’apaise point la soif du corps.

Si la tige qui nourrit l’âme
Monte et fleurit en ses vallons,
Le fruit que notre faim réclame
Ne germe point en ses sillons.