Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/205

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Nouvel Adam après sa chute,
Pleurant un Paradis perdu,
Sur ce sol d’angoisse et de lutte
Il jette un regard éperdu !



Ah ! se plier, superbe athlète,
Aux lois de la nécessité !
Courber sa pensée et sa tête
Au joug de la réalité !

Au char des choses de la terre
Se voir forcément atteler !
Languir exilé de sa sphère ;
Ramper, quand on pourrait voler !

Savoir que l’on porte en son âme
Un intarissable trésor,
Et soi-même étouffer sa flamme,
Tout perdre, faute d’un peu d’or !

Assister à son agonie,
Compter ses heures par ses maux,
Et voir l’arbre de son génie
S’ébrancher rameaux à rameaux !