Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/206

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Sacrifier plus que sa vie
Sur l’autel de la pauvreté :
Abraham de la poésie,
Immoler sa postérité !

Sentir sous des serres cruelles
Mourir le dieu ! sentir et voir
Tomber les plumes de ses ailes
Sous le froid ciseau du devoir !

Sentir au charbon du prophète
S’ouvrir ses lèvres et ses yeux ;
Se sentir créé pour le faîte
Et végéter loin des hauts lieux !

Et vivre avec de petits hommes !
Marcher dans leurs sentiers étroits !
Grand Dieu ! pour ce peu que nous sommes,
C’est trop d’une aussi lourde croix !



O ma fille ! ô ma bien-aimée,
Blonde muse de ma maison,
Au prisme de la renommée
Ferme tes yeux et ta raison !