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LX

LES SOLEILS D’AVRIL


 
Les bois vont refleurir. Des gouttes de verdure
Déjà tremblent au bout des rameaux dépouillés,
Et les bourgeons bientôt, voilant l’écorce dure,
S’ouvriront au soleil, de sève encor mouillés.

D’un long sommeil la terre en souriant s’éveille ;
Tout en elle est tiédeurs, rougeurs, troubles charmants.
Les jours vont grandissant : de la saison vermeille
On voit partout flotter de frais pressentiments.

Les vents passent chargés de promesses secrètes ;
L’oiseau ne chante point encor ; sur les buissons
Point de fleurs ; mais déjà rossignols et poètes
Sentent monter en eux la sève des chansons.

Des gais soleils d’avril voici l’heure première.
Avril, c’est le printemps dans sa virginité.
L’air est d’un bleu profond, suave est la lumière ;
Un sang jeune sourit au front de la beauté.