Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/249

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Vous ne me trompez point ! dans l’air je la devine.
De célestes parfums sur les brises venus
Flottaient et révélaient ton approche, ô Vénus !
Dans ses parfums aussi c’est ma jeune immortelle !
Le feuillage a frémi, l’air enivre, c’est elle !

Éclats joyeux, baisers de silence suivis !
Transports muets, regards prolongés et ravis !
Effusion des cœurs perdus dans leur tendresse !
Tristesse du bonheur, mélancolique ivresse !
Notre âme monte et rit à nos fronts radieux,
Et les pleurs cependant débordent de nos yeux !



Si je les fais couler, tes pleurs, c’est que je t’aime !
Je fus injuste et dur, je le sais, et moi-même
J’en gémis. — Oh ! l’amour, ce bonheur tourmenté,
S’il est fait de tendresse, est fait de cruauté !
Ivre d’amers soupçons, à sa folie en proie,
L’homme à se torturer trouve une sombre joie.
Hélas ! pourquoi faut-il qu’un hasard inhumain
M’ait en un jour fatal conduit sur ton chemin ?
Pourquoi m’as-tu connu ? Ta vie au flot docile
Eût loin de moi coulé douce et calme et facile.
Mais dans un lit d’azur et d’or, troublant leur cours,