Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/250

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Funeste à ton repos, j’ai tourmenté tes jours !…
Fuis-moi, fuis sans pitié, brise un rude esclavage,
Sois libre ! — T’arrachant à mon humeur sauvage,
Qu’un autre t’aime et donne a tes jours fortunés
Tous les bonheurs qu’hélas ! je ne t’ai point donnés…
Un autre ! — Je te mens et me mens à moi-même !
Ah ! de la passion égoïsme suprême !
Connais-moi tout entier ! lis à nu dans mon cœur !
Un autre ! — Meurs plutôt ! je t’aime avec fureur !



Sourdes explosions ! aveugles jalousies !
Heureux qui n’a jamais connu vos frénésies !
Heureux qui peut, nourri du pain de la beauté,
Vivre sans trouble, aimer avec tranquillité !
Mais l’inquiet esprit, en ses ardeurs mobile,
L’âme fiévreuse, l’âme à se ronger habile,
Celui qui dans sa veine, au lieu d’un flot vermeil,
Sent bouillonner un sang brûlé par le soleil,
Celui-là ne sait point être heureux ! cœur austère,
Il ne sait que souffrir, se dévorer, se taire !…
Mais souffrir, c’est aimer ! et, dussé-je en mourir,
De ce mal âpre et doux qui donc voudrait guérir !