Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/26

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Pour le cœur, la raison est une sœur aînée :
C’est de leur saint amour que la sagesse est née.
Sans elle on est aveugle, et stérile sans lui.
Demande-leur toujours un mutuel appui ;
Et, pareil à l’oiseau qui se fie à son aile,
Laisse guider ton vol à leur voix maternelle. »
Fidèle à vos leçons, quand leur voix a parlé,
Mère, sur mon chemin je n’ai point reculé.

LA MÈRE

Est-ce bien la raison qui parle et nous conseille ?
Ou quelque espoir chanteur qui séduit notre oreille,
D’un cœur bien jeune encor flattant les passions,
Ne nous berce-t-il pas, ami, d’illusions ?
La Muse t’éblouit ! oh ! la Muse est si belle !
Mais son ardent regard brûlerait ta prunelle ;
Du soleil l’aigle seul affronte les splendeurs.
Pour un rêve insensé ne fuis point ma chaumière !
O papillon d’un jour épris de la lumière,
Ne vaut-il pas mieux vivre et mourir dans les fleurs ?

LE FILS

Si la gloire est pour vous un rêve, une chimère,
Ce rêve est beau, vous-même en convenez, ma mère.

LA MÈRE

Sa voix un jour ou deux chante sur un tombeau,
Mais un écho d’un jour n’importe point au sage :
C’est le vol sur les mers d’un oiseau de passage ;