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Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/27

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C’est dans la nuit des temps un rapide flambeau ;
C’est l’arbre de nos bois à l’abondant feuillage,
Qu’étouffe dans ses nœuds la liane sauvage…
Ah ! l’oubli croît au pied du laurier le plus beau !

LE FILS

S’il est des noms éteints, des noms plongés dans l’ombre,
Sur qui pèse des temps la nuit antique et sombre,
Il en est dont l’éclat ne s’est point affaibli :
Pics superbes planant au-dessus de l’oubli,
Dressant sur l’avenir leur cime fraternelle,
Ils survivent, baignés d’une gloire éternelle !

LA MÈRE

Mais aussi quelle angoisse ! et combien d’hommes-rois
Pour arriver au trône ont passé par la croix !

LE FILS

À leur sainte infortune ils ont dû se résoudre :
Les sommets seuls ont droit au sacre de la foudre !

LA MÈRE

Égarés sur leur trace, hélas ! que d’insensés
Ont tenté l’ouragan et les flots courroucés !
Combien dans cet espoir d’une vaste conquête
Au lieu d’un nouveau monde ont trouvé la tempête !
Que d’espoirs échoués ! que d’efforts superflus !
Beaucoup sont appelés, combien peu sont élus !
Dans l’océan des jours un nom ou deux surnage.