Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/262

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Aux bords des mers de l’Inde il est un doux rivage,
Sol riche où tout est grand, immaculé, sauvage ;
Où l’arbre, débordant de sève et de santé,
Lutte avec les grands monts de force et de beauté ;
Où la liane d’or aux cloches de topaze,
Tapissant les rochers de leur cime à leur base,
Couvrant des mangliers les feuillages amers,
Trempe ses verts cheveux dans le saphir des mers.
Là, tout est vie et flamme et senteurs et murmures,
Montant des flots, tombant des profondes ramures ;
Là, sur les hauts sommets des vents d’est abrités,
Nids d’ombre et de parfums, sont des vals enchantés,
Où, sur les beaux gazons semés de blanches perles,
Le frais matin s’éveille au sifflement des merles,
Se glisse à pas furtifs dans les mousses en pleurs,
Pose un baiser d’amant sur la lèvre des fleurs,
En souriant se mire aux ondes transparentes,
De son souffle attiédit les brises murmurantes,
Et, léger comme un songe, au toucher du soleil
S’envole et disparaît dans un rayon vermeil.