Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/263

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C’est dans un de ces nids, retraite parfumée,
Qu’il ferait bon de vivre, ô douce bien-aimée !
Là, tels que deux ramiers et seuls avec nos cœurs,
Cultivant dans la paix le sol de nos bonheurs,
Retrempant notre amour aux vents des solitudes,
Dépouillant du présent les lourdes lassitudes,
Oubliant des cités les aigreurs et le fiel,
Nous vivrons plus heureux, vivant plus près du ciel.

Fuyons donc ! oh ! fuyons ce monde et cette ville,
Cité sonore et triste, éclatante et servile,
Où le sol n’est que boue, où le ciel n’a que nuit,
Où je n’ai rien trouvé que misère et que bruit !

Eh ! que me font à moi les arts, la poésie !
Ma muse à moi, c’est toi - Viens dans ma Salazie,
Viens sur le mont natal de grands palmiers couvert,
Habiter, pauvre et libre, un toit de vétiver.
Créons-nous un asile où des eaux cristallines
Iront en serpentant des prochaines collines,
Par des sentiers bordés de fraise et d’ananas,
Désaltérer nos fleurs, filles de tous climats.
Près de la violette et du jasmin candide