Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/264

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Croîtra le lys des eaux, le nénuphar splendide ;
Sous la liane-mousse au bleu reflet changeant
Le muguet cachera ses clochettes d’argent ;
Le lilas, inclinant sa grappe virginale,
Sourira dans la brise aux roses du Bengale ;
La jam-rose aux lauriers mariera ses berceaux,
Et pour toi sous leur dais chanteront les oiseaux ;
Et sur les clairs étangs, nageant dans son image,
La poule d’eau viendra te montrer son plumage ;
Et toi, belle et sereine, Ève de cet Éden,
De tes mains cultivant les fruits de ton jardin,
Savourant des hauts lieux les tranquilles délices,
De l’amour sous les bois respirant les calices,
Tu cueilleras enfin, secrète et chaste fleur,
Dans l’air vierge des monts le lys vrai du bonheur !



O rêves de chaumière, ô rêves de verdure,
Rêves si doux à l’heure où la bise est si dure,
Pour m’alléger le poids de l’hiver et des jours,
Sous ces climats glacés visitez-moi toujours !
A mon cœur fatigué versez vos molles trêves !
Comme une aube splendide, allumez-vous, mes rêves,
Illuminez mon ciel ! baignez mon horizon,
Mirages lumineux, d’air tiède et de gazon ;