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LXXIV

L’ORGUEIL


Mange, vautour, c’est la chair d’un brave !
Michelet.

 
Refuge des grands cœurs, abri des nobles âmes,
O bouclier trempé dans les pleurs et les flammes,
Toi dont l’ange tombé dans les gouffres brûlants,
Vaincu, mais indompté, couvrit ses larges flancs ;
Cilice de l’archange, ô douloureuse armure,
Orgueil ! voix qui jamais ne se plaint ni murmure ;
Orgueil ! austère ami des vaincus glorieux,
Toi dont la main, séchant les larmes dans leurs yeux,
Les relève et les montre à la foule étonnée
Plus grands que leur détresse et que la destinée ;
Des victimes du sort sombre consolateur,
Le vulgaire hébété te hait ! — Adorateur
Des faux dieux, esprit fait pour ramper sous un maître,
Devant ton mâle front que rien n’a pu soumettre,
Il s’étonne, il s’irrite ; esclave abject et bas,
Il te maudit, Orgueil ! toi qu’il ne comprend pas.