Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/296

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Parfumant tes sentiers des plus fraîches senteurs,
Effeuille sur tes pas sa tendresse et ses fleurs !
Mais si jamais ton ciel, se couvrant de nuages,
Faisait gronder sur toi le souffle des orages ;
Si l’ouragan jamais, troublant la paix des airs,
A ton flot calme et pur mêlait des flots amers,
Songe alors à l’ami qui te pleure et qui t’aime,
Et répète avec lui ces rimes que toi-même
Tu murmurais jadis à son cœur désolé,
Que je redis souvent, et qui m’ont consolé :

« La douleur par le ciel à la terre infligée,
Jeune encore, il est vrai, fut pour toi sans pitié ;
Mais pourquoi gémir seule, ô belle âme affligée ?
Viens épancher ta peine au sein de l’amitié.
A partager ses pleurs on retrempe ses armes !
Moi, je n’ai rien, hélas ! à t’offrir que mon cœur,
Mais tu peux y verser ta secrète douleur ;
Je mêlerai toujours une larme à tes larmes !
Pour aider ta faiblesse à fournir le chemin
Qui nous sépare encor du but où tout succombe,
Comme deux voyageurs cheminant vers la tombe,
Nous marcherons ensemble en nous donnant la main.
Quand viendra l’heure, ami, qui tôt ou tard arrive,
Où la mort de nos jours éteindra le flambeau,
Après nous être aimés sur la terrestre rive,
Nous dormirons unis dans la nuit du tombeau. »