Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/299

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L’AUBE

C’était l’heure où jadis mon enfance inspirée,
Comme la blonde abeille, heureuse de trouver
Dans l’air plein de soleil la liberté dorée,
Courait pour voir le jour sur les mers se lever.

Sur les flots miroitants la lumière ruisselle ;
L’éther s’ouvre et blanchit sous l’astre radieux.
Du pêcheur matinal la berçante nacelle
Passe, et rapide au loin se perd au bord des cieux.

Dans l’infini des airs le pic fier du Salaze,
Placide et beau, sourit à l’Océan lointain
Et, trempé des clartés dont l’Orient s’embrase,
Couvre son noir granit des roses du matin.

La Dumas, qui descend de ses gorges profondes,
Semble bercer un ciel en son lit vaste et pur,
Et, roulant vers la mer la beauté de ses ondes,
Sous ses nappes d’argent montre ses rocs d’azur.

Les forêts d’orangers couverts d’étoiles blanches,
Les bibaciers baignés de lumière et d’odeurs,
Aux souffles du matin font pleuvoir de leurs branches
Avec les fruits ambrés les neiges de leurs fleurs.