Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/300

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Dans les bananiers verts aux palmes satinées
Les feux brisés du jour sèment leurs diamants.
Des herbes, des gazons, des hautes graminées
S’exhalent des senteurs et des-gazouillements.

Sur les blancs nénuphars, coupes larges et lisses,
Des larmes de cristal brillent confusément ;
Et l’abeille vient boire au fond de leurs calices
Le miel, trésor tombé la nuit du firmament.

L’oiseau chante enivré sous la lumière chaude ;
Des flots d’atomes d’or nagent dans l’air lacté ;
Les mouches de rubis, de pourpre et d’émeraude
Flottent, vibrant d’amour dans la blonde clarté.

O vie universelle ! ô nature parlante !
Des brises et des eaux ô murmure chanteur !
On sent respirer l’arbre, on sent vivre la plante ;
Tout aime, tout bénit le soleil créateur.

Splendeurs du ciel natal, réveil, heures de flamme,
Heures où l’aube en moi faisait fleurir les vers,
Où l’inspiration se levait sur mon-âme
Comme l’astre émergeant du sein profond des mers ;

Paysages puissants de mes vertes années,
Mer vaste où je voyais la lumière ondoyer,
Beaux lieux ! qui me rendra vos blanches matinées ?
Chantons ! doux bengali, chantons pour oublier !