Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/303

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O dure servitude ! ô sort ! ô lois cruelles !
Au joug de l’homme ainsi l’homme se voit plier !
Ah ! loin de ces tableaux navrants ouvrons nos ailes !
Fuyons, doux bengali, fuyons pour oublier !


L’HEURE DE MIDI

Évoquons des pensers et des tableaux moins sombres.
Dans les ravins où dort un silence attiédi,
Au bord des étangs clairs voilés de hautes ombres,
Ensemble abritons-nous des ardeurs de midi.

Midi ! l’heure de feu ! l’heure à la rouge haleine !
Sur les champs embrasés pèse un air étouffant :
Le soleil darde à pic ses flammes sur la plaine ;
Le ciel brûle implacable et la terre se fend.

La nature n’a plus ni brises, ni murmures ;
Le flot tarit ; dans l’herbe on n’entend rien frémir ;
Les pics ardents, les bois aux muettes ramures,
D’un morne et lourd sommeil tout semble au loin dormir.

L’immobile palmier des savanes brûlantes,
Abritant les troupeaux de ses rameaux penchés,
Courbe languissamment ses palmes indolentes
Sur les bœufs ruminants dans son ombre couchés.