Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/305

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Plus loin, d’enfants bergers c’est un couple tranquille,
Causant sous le rocher voilé de vétiver,
Comme autrefois causaient les pasteurs de Sicile,
A leurs pieds les troupeaux et devant eux la mer.


LA MER

La mer ! voici la mer devant moi, grande ouverte !
L’onde écume et blanchit les rochers dentelés ;
Le fleuve roule, et moi, loin de la plage verte,
Je roule avec le fleuve au sein des flots salés,

Et la vague en ses bras m’accueille et me soulève,
Et l’onde sur son sein me berce, heureux enfant !
Et la houle puissante, au large et vers la grève,
Dans ses longs plis d’azur m’emporte triomphant.

O joute de l’enfance avec l’onde marine !
O mes bonds sur la vague au poitrail écumant !
O bonheur de sentir sous ma jeune poitrine
Le sein des eaux s’enfler et battre largement !

O mer ! le temps n’est plus où sur ta croupe altière,
Enfant, tu m’emportais comme un coursier fougueux ;
Où mes mains caressaient ta fumante crinière,
Où ta brillante écume argentait mes cheveux.