Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/313

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LA PRIÈRE

O Père universel qui régnez sur les mondes,
Roi de l’immensité, maître de l’infini,
Par l’espace et les temps, les airs, les feux, les ondes,
Père ! que votre nom à jamais soit béni.

Comme aux plages du ciel, que sur l’humaine rive
Chaque être veuille au gré de votre volonté !
Sur cette terre en pleurs que votre règne arrive,
Le règne de l’amour et de la liberté !

Assez longtemps, Seigneur, l’esclavage et la haine
Ont divisé ce monde et déchiré nos cœurs.
Qu’à votre souffle ardent se fonde enfin la chaîne
Où, rivés aux vaincus, gémissent les vainqueurs !

Assez longtemps Caïn et sa lignée injuste
En opprimant la terre ont fait douter du ciel :
Contre l’arbre homicide ayez soin de l’arbuste !
Seigneur, prenez pitié de la race d’Abel !

Ce que j’implore, ô Dieu ! ce n’est point ta vengeance.
J’ai vécu : mon esprit est pur d’inimitié.
Pour l’homme et sa misère et ma propre indigence,
Je n’ai plus rien au cœur qu’une immense pitié.