Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/323

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Ah ! vous pleurer, c’est se survivre,
Vous qu’on aima dès le berceau.
Hélas ! ceux qui devraient nous suivre
Nous devancent dans le tombeau.

Lassés d’un long pèlerinage,
Les meilleurs s’en vont les premiers.
Ils sont plusieurs de mon jeune âge
Qui dorment dans l’île aux Palmiers.

Le plus cher naquit sur ces grèves
Où mes yeux s’ouvrirent au jour.
Notre enfance eut les mêmes rêves
Et notre esprit le même amour.

Nous aimions - ce que j’aime encore -
Le chant de la brise et des eaux,
Les bois, les monts baignés d’aurore,
Les clairs vallons tout pleins d’oiseaux.

Nous vous aimions, muses divines !
Ce qu’il cherchait au fond des bois,
Près des flots, au creux des ravines,
C’était l’écho de votre voix.

Il t’aimait, sainte Poésie,
D’un culte ardent et virginal !
Il ne voyait l’homme et la vie
Qu’à travers ton prisme idéal.