Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/324

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Au temps des fraîches confidences
Et des naïfs épanchements,
La beauté de ses espérances
Enivrait mes enivrements.

O réveil des belles ivresses !
O mensonge et déceptions !
Qu’importe !… nos seules richesses
Sont encor nos illusions.

Esprit candide, âme charmante,
Aux rêves bleus comme son ciel,
Il avait la douceur aimante,
La douceur des enfants d’Abel.

Nature inoffensive et tendre,
Il allait vers les cœurs brisés :
Les pleurs que sa mort fit répandre
Sont les seuls pleurs qu’il ait causés.

Né sur un sol où l’esclavage
Attristait sa jeune équité,
Pour tout homme et sur-tout rivage
Il t’implorait, o Liberté !

Sans dédain, sans fiel, sans envie,
Âme égale et soumise au sort,
Comme il fut clément à la vie,
Il fut souriant à la mort.