Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/328

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Le soleil sous le dôme où ton urne s’épanche,
En rayons tamisés te versait sa clarté,
Et l’astre aux feux d’argent des tièdes nuits d’été,
Comme un oiseau, semblait passer de branche en branche,
         Pour se mirer dans ta beauté.

Le poète qui rêve au fond de nos ravines,
Ivre d’ombre et d’oubli, charme des lieux déserts,
En t’écoutant courir sous les framboisiers verts,
Sentait, enveloppé de tes fraîcheurs divines,
         Chanter en lui l’esprit des vers.

Et voici que tes flots, changeant leur destinée,
Loin du lit maternel vont prendre un autre cours ;
L’oranger te sourit au rivage où tu cours,
Et tu vas réfléchir dans ton eau fortunée
         D’autres bonheurs, d’autres amours.

Et moi, moi que berçait ta voix parmi les mousses,
Plongé dans le présent, j’oubliais l’avenir.
Un jour vient où la vigne à l’ormeau veut s’unir ;
Et l’enfant aux grands yeux, l’enfant des Pamplemousses
         N’est plus pour nous qu’un souvenir !

Et c’est la vie, hélas ! tout change et rien ne dure.
L’été sort du printemps, du bouton naît la fleur.