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LXXXIV

LA CASCADE SAINTE-SUZANNE


 
C’était un lieu paisible où j’aimais à venir.
La fraîche vision hante mon souvenir.
Enclos de trois côtés par de hautes collines,
Le val s’ouvre au couchant et descend vers la mer.
Une cascade, au fond, de ses eaux cristallines
Baigne les rochers noirs, éparpillant dans l’air
Sa poussière d’écume en blanches mousselines.
Au pied des rocs abrupts, dans sa chute sans fin,
L’eau tombe et s’élargit en un vaste bassin,
Où s’alimente et dort la rêveuse rivière
Sainte-Suzanne, aux grands berceaux de cocotiers.
Le soleil au zénith y darde sa lumière ;
Mais, dans l’après-midi, les monts aux pics altiers
Y versent les fraîcheurs d’une ombre hospitalière.
Des hauts bambous du bord quittant l’épais rideau,
Sur la nappe d’azur nagent les poules d’eau ;
Et, les frôlant du vol, la véloce hirondelle
Autour des bleus nageurs s’ébat aux jeux de l’aile.