Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/335

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Ô cap Bernard ! géant dressant sur le rivage
Tes mornes flancs voilés de mornes filaos,
Solitaire falaise, où la vague sauvage
Vient battre et prolonger ses éternels sanglots !

Cime à mes pas connue, austère solitude,
D’où l’œil monte ébloui dans l’infini des airs,
Ô cap ! sur tes flancs noirs, loin de la multitude,
Nous viendrons chaque nuit rêver au bruit des mers.






Le soleil est couché : les placides montagnes
Plongent leur front sublime au fond des vastes cieux ;
La paix vague des soirs plane sur les campagnes ;
Les astres dans l’azur ouvrent leurs chastes yeux.

Des mornes et des bois lointains et des ravines,
Et de la gorge ombreuse où dorment les oiseaux,
S’élèvent jusqu’à nous des haleines divines
Que la brise des nuits porte au loin sur les eaux.