Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/343

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la sphère où se meut son existence, il sent, il désire mieux que ce qu’il voit : là est le mystère douloureux, mais aussi la légitimité de ses aspirations.

Dans le recueil qu’il publie et dont l’ambition est des plus modestes, l’auteur, qui a toujours superposé le Moi humain à l’Art et à la nature, l’auteur a pris l’homme avec tous ses sentiments de fils et de frère, d’ami et d’amant, de citoyen, de poète, d’époux, de père, et il l’a placé, comme une figure une et multiple à la fois, dans des paysages ou des scènes empruntés à la vie et au climat des Tropiques. Ce qu’il aurait surtout voulu, c’est que cette figure, qui parle presque toujours à la première personne, fût, en toute simplicité et franchise, un fidèle écho et de la voix intérieure que chacun a en soi, et de cette voix extérieure à qui, lui, enfant d’un autre sol, il a demandé son inspiration. Sous le rapport purement humain et général, en supposant que le but désiré ait été atteint, cette poésie ainsi comprise pourrait être entendue aussi bien de l’homme du Nord que de l’habitant des régions australes. La nouveauté, ici, ne serait que dans la bordure et le cadre, et aussi dans la forme, souvent lyrique, presque toujours subjective, dont il lui a plu de revêtir sa pensée.

Ce volume de Poèmes et Paysages, l’auteur du moins voudrait l’espérer, n’est pas seulement un recueil de pièces détachées sans unité et sans suite. Il lui semble, au contraire, qu’on y saisirait, avec un peu d’attention, le lien, léger à la vérité, mais partout sensible,