Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/344

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qui rattache et coordonne entre eux les morceaux dont se compose ce livre. Il croit qu’on y pourrait démêler, sans trop de peine, l’idée d’ensemble qui a présidé à son travail. N’y aurait-il pas là, en effet, comme le récit d’une vie intime, le pèlerinage d’une existence privée à travers ses phases et ses vicissitudes diverses ; une sorte d’itinéraire écrit par un poète voyageur, qui se raconte à lui-même ses impressions en présence de la nature, soit qu’il visite les îles de l’océan Indien, le cap de Bonne-Espérance, les solitudes des mers torrides ; soit que, changeant de zone et remontant les flots de l’Atlantique, il vienne enfin aborder le climat européen ?

Ce n’est pas une simple appréhension de monotonie ou de redites dans les descriptions qui a décidé l’auteur à placer à côte de ses tableaux inspirés par le ciel des Tropiques d’autres tableaux empruntés au climat tempéré de l’Europe. Ici, comme ailleurs, il n’a fait qu’obéir naïvement à son inspiration. Ayant vécu dans les deux hémisphères, il a voulu reproduire dans ses paysages, selon la saison et l’heure, selon le caprice de la muse, les aspects du sol et du ciel nouveaux qu’il avait devant les yeux. Il lui est arrivé quelquefois de trouver place, dans une même composition, pour les couleurs opposées des deux natures, de mettre en regard la lumière forte et la nuance, le rayon éclatant et le rayon adouci. Le contraste fait mieux ressortir son intention comme peintre ; comme poète, sous les chênes de la France aussi bien