Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/345

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que sous les palmiers de la Salazie, il croit être resté dans l’unité de sa première donnée humaine.

S’inspirant des lieux et des hommes qu’il a vus il n’est pas demeuré, non plus que d’autres, indifférent ou muet devant les événements auxquels il lui a été donné d’assister : la voix a vibré en lui, et il l’a rendue dans la mesure de son interprétation et de ses espérances. Mais ce livre n’en attestera rien ou presque rien. Il est des silences et des lacunes qui sont imposés par la nécessité des temps.

Né sur une terre ou l’esclavage a subsisté jusqu’en 1848, il n’eût pas été possible à l’auteur de ces poèmes de s’abstraire complètement du milieu social ou s’est écoulée son enfance et un partie de son adolescence. Bien que créole d’origine et d’affections, il s’est toujours senti une répulsion innée pour ce fait antichrétien qui a nom l’esclavage. Ses aversions natives pour ce -meurtre moral, et pour tous les préjugés qui en sont la conséquence fatale, ont maintes fois demandé leur expression à la poésie. Il a protesté, sur les lieux mêmes, dix ans et plus avant l’émancipation des nègres, contre un état de choses que réprouvaient également et ses idées et ses sentiments, et qui lui paraissait tout aussi contraire aux intérêts bien entendus de la patrie coloniale que douloureux et outrageant pour l’humanité. On ne s’étonnera donc pas de retrouver ici l’écho tantôt plaintif, tantôt véhément, de ces protestations qui se sont produites sous la toute-puissance et en face même du fait brutal. Plus