Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tard, quand une révolution, improvisant l’avenir, coupant court à toutes les hésitations, à tous les compromis avec la vérité, est venue donner brusquement raison au poète, au rêveur, à l’homme de foi contre l’homme de doute, il n’a su qu’applaudir à cet acte par lequel un gouvernement d’initiative, usant de l’omnipotence du droit et de la justice, proclamait enfin dans nos colonies la cessation d’un ordre de choses depuis longtemps incompatible avec la raison et la conscience du siècle. Et, en agissant ainsi, le poète n’a fait que se montrer conséquent avec lui-même et avec son passé. Du reste, cette adhésion à une mesure qu’il avait appelée de tous ses vœux, nul, sur le sol natal, n’a dû s’en étonner : on n’ignorait pas ce qu’il avait écrit et pensé d’une iniquité séculaire dont, pour sa part, il a toujours répudié l’héritage :


Nous sommes les enfants, l’attente d’un autre âge : De l’opprimé sur nous que les pleurs soient puissants. Vengeons un séculaire outrage ! Du crime des aïeux nous sommes innocents.


Que si, maintenant, on venait nous demander ce que l’art et la poésie ont à voir en de telles matières, nous répondrions que l’Art, pour nous, n’a jamais été un puéril jeu de rythmes et de cadences, un passe-temps fait pour des lèvres éprises du nombre. La poésie a une mission sérieuse : ici consolatrice, là réparatrice, partout et toujours utile dans le sens du