Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/350

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des Pamplemousses, que je vous dise mes impressions en voyant pour la première fois la douce vallée où vous êtes née, où vous avez passé une partie de votre enfance, et que vous avez quittée si jeune encore ! Vous voulez, dites-vous, revenir avec moi dans ces beaux lieux que vous aimez toujours, visiter la petite église de votre quartier natal, vous promener sous les calmes ombrages dujardin créé par le génie bienfaisant de Poivre ; vous voulez enfin savoir si vos souvenirs sont fidèles. Hélas ! quelles descriptions, quelles riches réalités pourraient valoir jamais nos souvenirs ? Ils jettent sur le passé un voile qui l’idéalise et nous le rend de plus en plus regrettable. Vous le savez mieux que personne, vous qui, dans les bonheurs d’une vie facile et reposée, au sein d’une existence couronnée de toutes les félicités de la famille, vous surprenez souvent à rêver avec larmes à votre enfance sous les bois, à vos courses par les plaines, à vos chères Pamplemousses.

Les Pamplemousses ! quel nom charmant ! Quelle vallée plus charmante encore ! Comment vous la décrire ? Où trouver des paroles limpides et d’assez fraîches couleurs pour rendre le tableau que les années ont laissé si vivant en vous ? Je vous obéirai pourtant, car je sais qu’à mon insuffisance suppléera une imagination riante comme vos savanes fleuries. Et d’ailleurs, un seul mot jeté en passant, un nom de village, d’arbre ou de fleur, ne suffisent-ils pas pour évoquer ces mille gracieux souvenirs qui sommeillent