Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/352

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romantique vallée qu’à consacrée le génie de Bernardin de Saint-Pierre.

La ville, avec son église aux tours jumelles, ses maisons encloses de jardins, son camp Malabar, son Champ de Mars où s’élève le tombeau du général français Malartic, son fort Adélaïde posé comme un nid d’aigle sur une crête pierreuse, et déroulant de loin sa menaçante ceinture de batteries ; la ville n’est pas ce qu’il désire le plus connaître. Il est à quelques milles du port un coin de terre discret, une vallée ombreuse peuplée des plus chastes souvenirs ; c’est là qu’il veut aller se reposer des flots et oublier devant une nature magnifique et douce les orageuses émotions de la mer.

Vous trouverez peut-être, madame, que je m’arrête bien peu dans votre jolie ville du Port-Louis. Comment ! pas un mot de sa position si pittoresque au pied de la montagne du Pouce ; pas un mot de ses fraîches demeures aux tonnelles de lianes et de jasmin, de son beau port enfermé de collines, de ses rues si animées, si vivantes, ou l’on voit étalés à la vitre des magasins les plus précieux tissus de l’Inde et de la Chine ? — A cela que vous répondre, sinon que je viens de quitter la mer et que j’ai soif de verdure et d’ombre ! — A Dieu ne plaise que mon silence vous parût de l’indifférence ou du dédain ! J’aime votre petite et gaie capitale, qu’on a si bien nommée le Paris des mers de I’Inde. Le goût de ses habitants pour les plaisirs et les élégances de la vie, et